Selon certains points de vue, la tarification du capital naturel peut aider à sensibiliser la société
Image modifiée et redimensionnée de Joshua Hoehne, disponible sur Unsplash
L'humanité était habituée à utiliser les ressources naturelles débridées jusqu'à ce qu'elle se rende compte qu'elles sont finies. En cas de crise des ressources naturelles, les impacts sont ressentis par tous, comme cela est courant en période de sécheresse. Au Brésil, la sécheresse crée une carence énergétique, les centrales hydroélectriques étant la principale source d'énergie du pays, entraînant des pertes de production dans les entreprises et des coupures dans la distribution d'eau à la population. Nous avons plusieurs exemples de la façon dont nous sommes affectés par la nature et du fait qu'elle ne sera pas là pour toujours fournir des services écosystémiques si nous continuons avec un modèle économique sans conséquence, il est donc nécessaire de repenser la façon dont les entreprises et les gens gèrent les ressources naturelles. Alors que nous vivons dans une société où le capital est très important,une vision a été créée qui tente d'insérer la nature dans ce contexte à travers le concept de capital naturel.
- Que sont les services écosystémiques? Comprendre
Qu'est-ce que le capital naturel?
Le capital naturel est le stock de ressources naturelles (eau, air, sol, plantes, etc.) qui produit un flux de biens et de services pour les personnes à travers les services écosystémiques. Selon certains points de vue, il existe plusieurs formes de capital, comme le capital culturel, financier, intellectuel, entre autres (d'autres points de vue sont plus restrictifs quant à l'applicabilité du concept) ... Mais c'est le capital naturel qui soutient tous les autres.
La préservation du capital naturel est essentielle; l'humanité a déjà compris cette relation de dépendance mutuelle et commence à agir. Un instrument qui permet de mieux comprendre et visualiser l'importance de la nature est la valorisation du capital naturel.
Qu'est-ce que l'évaluation du capital naturel?
Attribuer une valeur à l'air que nous respirons ou à l'eau des rivières semble et est très difficile. La valorisation du capital naturel est un instrument qui tente d'estimer une valeur économique ou, en d'autres termes, de tarifer les biens et services fournis par la nature.
Pour cela, il est nécessaire d'établir une valeur économique plausible, cela se fait à travers la relation entre ce que l'environnement est capable de fournir et la valeur d'autres biens et services qui existent déjà dans l'économie. Avec l'évaluation économique du capital naturel, il est possible d'attribuer une valeur monétaire aux ressources environnementales.
Il existe deux types de valeurs attribuées aux services écosystémiques: la valeur d'usage (directe, indirecte, optionnelle) et la valeur de non-usage. La somme de ces valeurs correspond à la valeur économique des ressources environnementales (Vera).
La valeur d'usage peut avoir trois aspects: l'utilisation directe (exploitation forestière, beauté visuelle, loisirs); utilisation indirecte (captage du carbone, cycle de l'eau, pollinisation) et option (sachant qu'un service existe, sachant que s'il en a besoin dans le futur il sera disponible, par exemple des propriétés médicinales non encore découvertes dans les forêts).
Et, enfin, la valeur de non-usage est celle qui apporte la satisfaction que les générations présentes et futures peuvent profiter de la nature ou que certaines espèces ou écosystèmes existent. Par conséquent, l'évaluation économique d'une ressource naturelle est basée sur la détermination de la mesure dans laquelle le bien-être des personnes est meilleur ou pire par des changements dans la quantité de biens et services écosystémiques, par utilisation ou non.
Il existe plusieurs méthodologies d'évaluation environnementale, chacune plus appropriée pour certains objets d'étude, et nécessitant des analyses différentes. Par exemple: pour une quantification monétaire, il existe les méthodes suivantes:
- Évaluation conditionnelle - au moyen de questionnaires, les gens indiquent combien ils seraient prêts à payer ou à compenser un bien ou un service à partir du capital naturel;
- Prix hédoniques - est l'évaluation des facteurs environnementaux qui influencent le prix du marché - par exemple une maison située dans un quartier boisé;
- Frais de voyage - c'est le montant dépensé pour visiter un endroit pour profiter de la nature, comme le temps, les frais d'entrée, etc.
- Réponse à la dose - traite la qualité de l'environnement comme un facteur de production, les changements dans la qualité du capital naturel utilisé affectent les niveaux de production et, par conséquent, le prix des produits;
- Marché des produits de substitution - estimer le prix de substitution par un autre sur le marché;
- Coûts évités - déduire une valeur à la ressource environnementale en raison des impacts évités lors de leur entretien;
- Maîtriser les coûts - dépenses nécessaires pour maintenir la qualité des ressources naturelles - par exemple: une station d'épuration;
- Coût de remplacement - coût de réparation des dommages causés;
- Coût d'opportunité - coût social et économique de la préservation de la ressource environnementale.
L'une des limites de l'évaluation est que, dans de nombreux cas, les externalités ne sont pas entièrement comprises et finissent par ne pas couvrir tous les aspects réels de la situation.
Exemple de cas réel
Un exemple a été la création et la valorisation des RPPN (Réserve privée du patrimoine naturel) de Fundação Grupo Boticário. En 2015, une étude a été réalisée sur l'application de l'évaluation économique à l'une de ses réserves du Paraná. L'étude a été réalisée à l'Unité de Conservation (UC) appelée Reserva Natural Salto Morato, d'une superficie de 2 253 hectares, afin de démontrer qu'en plus des avantages environnementaux évidents, il y a aussi des avantages financiers. Grâce au projet Oásis, qui utilise le paiement pour des services environnementaux (PSA), il a été possible de créer des méthodologies permettant d'évaluer la zone.
La valorisation a été créée en comparant deux scénarios, l'un avec l'existence de la réserve et l'autre sans la réserve. Les paramètres évalués et les valeurs obtenues étaient:- Utilisation publique: se référant à la visite de la région à l'économie locale - R $ 858 780;
- Érosion évitée des sols: se référant à la conservation de la végétation pour contrôler l'érosion et la sédimentation, calculée en fonction du coût de l'enlèvement des sédiments des plans d'eau - 258 873 R $;
- Approvisionnement en eau: l'une des réserves de la région alimente la communauté en aval, de sorte que le coût de l'approvisionnement en eau potable a été estimé - 36 024 R $;
- ICMS écologique: enquête sur les revenus par la taxe écologique de circulation des marchandises (ICMS) de la région - 100 100 R $;
- Impact de l'embauche et des acquisitions locales: se référant aux dépenses avec la gestion de la région, les employés et les fournisseurs - 452 346 R $;
- Education environnementale: se référant aux investissements dans les programmes d'éducation environnementale - 6 305 R $;
- Recherche scientifique: se référant aux frais de recherche scientifique dans la région - 65 000 R $;
- Réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation (Redd): estimation du volume de gaz à effet de serre capté en l'absence de CU - 121 990 R $;
- Séquestration du carbone par restauration: estimation de la quantité de carbone (t / ha) séquestrée - 282 580 R $;
- Bétail évité: enquête sur la quantité évitée de production de méthane par le bétail - 2 310 R $;
- Total: 2 184 308 R $.
Avant la création du RPPN, cette zone était destinée à l'agriculture, une estimation des revenus générés montrait un grand avantage dans le changement d'affectation des terres. L'agriculture générerait 150 000 R $ / an, tandis que la conservation de la zone pourrait générer 666 000 R $ / an. Avec les avantages explicites des services écosystémiques exprimés en espèces, l'importance de la préservation des réserves peut être mieux comprise et recevoir plus de soutien de la société.
Les arbres eux-mêmes ont également une valeur ajoutée par rapport aux services fournis, par exemple, un arbre urbain peut avoir une valeur monétaire plus élevée qu'un arbre dans la forêt indigène. C'est parce que les arbres de la ville se trouvent en plus petites quantités, ce qui les rend plus précieux.
- Avantages des arbres et leur valeur
La valorisation appliquée aux entreprises
Les entreprises sont très préoccupées par le capital financier mais il n'est pas encore courant de comprendre ou de considérer le capital naturel. Les organisations doivent comprendre que sans capital naturel, il n'y a pas de production, si elles dépendent des ressources naturelles, une pénurie affectera la productivité et les finances des entreprises. Par conséquent, il est nécessaire d'inclure la gestion et l'évaluation du capital naturel pour les entreprises qui veulent survivre dans le futur, selon certains points de vue.
La valorisation du capital naturel peut être utilisée comme un outil pour répartir correctement les investissements, aider à prendre des décisions publiques et privées, définir les types d'utilisation des terres, identifier les zones de conservation importantes ou simplement pour montrer la valeur de la nature et réduire sa dégradation. Ils peuvent également aider à la prise de décision pour atténuer les risques et réduire les impacts. Ces mesures introduisent le concept d'économie verte, «une économie qui se traduit par le bien-être humain et l'équité sociale, tout en réduisant considérablement les risques environnementaux et les carences écologiques». Ainsi, l'investissement dans le capital naturel est la base de la croissance économique vers des technologies propres et un développement durable qui aboutit à une mesure d'atténuation du changement climatique.
L'Université de Cambridge a créé un jeu très intéressant (en anglais) qui introduit la valorisation du capital naturel en simulant une entreprise où vous investissez dans des actions liées aux ressources naturelles de votre choix et parvenez à analyser les gains obtenus.
Les entreprises de différents secteurs doivent être de plus en plus engagées dans l'insertion de capital naturel non seulement pour garantir leur production, mais aussi pour maintenir une bonne image et une bonne compétitivité sur le marché. Pour aider les organisations à générer des informations fiables, le Natural Capital Protocol a été créé. Le protocole aide à prendre de meilleures décisions, y compris notre interaction avec l'environnement, plus particulièrement le capital naturel. Jusqu'à présent, la plupart des questions sur le capital naturel ont été exclues ou, une fois incluses, elles étaient incohérentes, sujettes à interprétation et limitées. Le protocole offre une structure standardisée pour identifier, mesurer et évaluer les impacts et les dépendances liés au capital naturel.
L'un des principaux défis de l'économie est de déterminer la part d'un écosystème qui doit être convertie en produits et celle qui doit rester intacte pour générer des services écosystémiques. La société est encore beaucoup plus préoccupée par la génération de produits, il faut donc commencer à attribuer des valeurs et encourager la valorisation de plus en plus de domaines afin d'avoir une idée plus claire de ce que nous perdons et pour aller vers un modèle de développement durable. En sachant combien vaut un écosystème, il est possible d'appliquer des outils tels que le paiement des services environnementaux, le PSA. Regardez la vidéo sur la valorisation des services écosystémiques.
Commentaires
De nombreuses critiques sont faites sur le thème, par des organisations et des mouvements sociaux, qui considèrent la valorisation du capital naturel comme une fausse solution qui prend la forme du capitalisme vert. Derrière une façade technique, il y a une acceptation que le carbone, l'eau et la biodiversité sont soumis à l'appropriation et à la négociation par contrat et qu'ils constituent de nouvelles filières mondiales de matières premières .
La principale critique faite à la valorisation du capital naturel tourne autour de cette question et du refus de la possibilité d'attribuer des valeurs monétaires aux biens naturels. Les critiques de l'idée de valorisation de l'environnement avec des mécanismes traditionnels considèrent la valorisation du capital naturel comme un autre nom du soi-disant écologisme de marché.
Lorsque les biens naturels sont valorisés en espèces, il est possible de réaliser des opérations de compensation environnementale dans lesquelles une zone naturelle ou des ressources naturelles détruites peuvent être compensées par d'autres zones et ressources, comme les quotas de réserve environnementale (CRA). Les critiques ne considèrent pas cela comme raisonnable, car il serait impossible de comparer avec précision la valeur naturelle d'un emplacement avec la valeur naturelle d'un autre. Ce mécanisme est considéré comme favorisant un nouveau marché, où les procédés et les produits fournis par la nature sont des marchandises. Que ce soit la purification de l'eau et de l'air, la production de nutriments du sol pour l'agriculture, la pollinisation, la fourniture d'intrants pour la biotechnologie, entre autres. Ces critiques remettent en cause l'efficacité de cette méthode par rapport à la préservation de l'environnement et à l'inclusion sociale.
